La Matinale de La Côte du 17 décembre 2021 - Signé Gregory Balmat
La piscine-patinoire de Terre Sainte n'est peut-être pas sortie de l'auberge
Si le plus dur semble bien être derrière pour la future piscine-patinoire de Terre Sainte, quelques obstacles pourraient encore se dresser sur son chemin. Les premières notes dissonantes se sont fait entendre du côté de Crans et elles concernent le financement de l'infrastructure.
On la croyait tirée d’affaire et pourtant, il semble bien que rien ne sera simple pour la piscine-patinoire de Terre Sainte. Alors qu’en avril, le projet sortait enfin du bourbier juridique dans lequel il était enlisé depuis près de huit ans et que tous les feux paraissaient enfin être au vert, il a suffi de quelques phrases prononcées lors d’un Conseil communal pour jeter un froid sur ce dossier des plus sensibles.
La petite bombe a été lâchée la semaine dernière du côté de Crans, en tout début de l’ultime assemblée communale de 2021. C’est Robert Middleton, syndic, qui a, en personne, porté l’estocade. Sans remettre frontalement en question le projet, l’élu a partagé ses inquiétudes concernant les coûts de la future infrastructure à l’aune du contexte actuel. «Je pense en particulier à la situation précaire des finances communales, pas seulement à Crans», a-t-il précisé.
Séance extraordinaire en approche
«Arsco (la société immobilière en mains des communes de Terre Sainte, ndlr) devrait présenter, de préférence aux conseils communaux, une mise à jour des coûts et du business plan, ainsi qu’une analyse de la situation d’aujourd’hui comparée à celle de 2013», a-t-il également plaidé. Avant de proposer de convoquer sa commission des finances avec les délégués à l’Apej (l’association intercommunale qui gère les écoles et l’accueil de jour en Terre Sainte) pour une «mise au point».
Sans surprise, l’intervention du syndic de Crans a fait grincer quelques dents du côté des porteurs du projet, Arsco en tête. «La mise à jour du dossier est en cours de finalisation, explique Stéphanie Emery, membre du conseil d’administration de la société immobilière, municipale myarolane et présidente du comité de pilotage du projet. Les convocations pour une assemblée extraordinaire des actionnaires d’Arsco prévue début février ont tout juste été envoyées.»
Coût par habitant respecté
Les syndics qui représentent en tant qu’actionnaire leur commune respective seront donc les premiers informés des différentes évolutions du dossier. «Nous avons encore du travail et nous gardons la primeur de ces éléments pour l’assemblée de février, mais je peux vous dire que le prix par habitant de 56 francs qui avait été voté par tous les conseils communaux et par l’Ascot (association scolaire de Terre Sainte) à l’époque sera respecté», précise encore l’élue de Mies.
En dehors des écoles, c’est le seul grand projet fédérateur pour Terre Sainte. Jean-Claude Trotti président d'Arsco
Une bonne nouvelle que l’on doit, entre autres, à la progression démographique, car la facture totale sera à coup sûr plus élevée que les 19,5 millions évoqués jusqu’à présent. Evolution des normes, nouveaux appels d’offres ou encore coûts des matières premières; ces années de lutte contre les opposants n’ont pas été indolores financièrement parlant.
De quoi rassurer Robert Middleton? En partie, seulement. «Je trouve important qu’Arsco organise cette séance des actionnaires avant de lancer le chantier. Le monde a changé depuis 2013 et je pense que les communes doivent pouvoir se poser la question concernant cet investissement. Cela me semble légitime.»
La tournée des conseils s'il le faut
Il n’empêche, alors que Robert Middleton a fait du rapprochement avec les autres communes de Terre Sainte l’une des priorités de cette législature, pas sûr que ses interrogations soient très bien perçues pas ses collègues syndics et municipaux. «En dehors des écoles, c’est le seul grand projet fédérateur pour Terre Sainte. Au-delà de tous ce qu’une infrastructure de ce type peut apporter, c’est un aspect primordial pour la région», réagit Jean-Claude Trotti, président d’Arsco et municipal à Coppet.
Après les chefs des exécutifs de Terre Sainte, Arsco se dit prête à rendre visite aux conseils communaux qui en font la demande afin de leur exposer une version mise à jour du projet. «Nous ne demandons qu’à être invités par les présidents de conseils», clame Stéphanie Emery. Mais la Municipale de Mies de préciser: représenter la piscine-patinoire oui, la revoter non.
Reste que le temps presse: il faut absolument que le premier coup de pioche soit donné au cours du 1er semestre 2022, passé ce délai, de nouvelles normes concernant le traitement des eaux entreront en vigueur. Si les travaux n’ont pas commencé d’ici là, il faudra réadapter le projet et repasser par la case «appel d’offre», de quoi engendrer encore quelques coûts supplémentaires.